Quand le passé
devient futur
Retour vers le passé
L’argentique n’a jamais eu autant de succès que depuis quelques années,
et je sais de quoi je parle : j’en suis mordu !
Rentrons dans le vif du sujet !
De sa quasi-disparition à sa résurrection, l’argentique a connu de
nombreuses péripéties. Il serait pourtant dommage de passer à coté d’un moyen de prise de vues offrant une expérience unique. Plutôt que de
l’opposer au numérique, pourquoi ne pas y voir un moyen d’enrichir votre
expérience de la photographie ?
Petit apparté : je ne pourrai pas tout détailler de la pratique argentique ici. Avec le temps, j’enrichirai ma pensée sur mes articles de blog. Voyez donc plus cette page comme une introduction. La pratique argentique étant tellement dense, il serait réducteur d’imaginer pouvoir aborder pleinement ce sujet en quelques lignes.
Parlons des mythes et des préjugés
L’argentique, à quoi cela peut vous servir ? Quand vous faites une photo avec un vieil appareil, vous ne pouvez pas voir le résultat
immédiatement. Donc, pas très pratique pour juger de la maîtrise de son
appareil et sa pellicule.
Ajoutez à cela le coût des pellicules et du matériel,
sans compter le développement ainsi que le tirage de nos photos.
Il y a donc plusieurs contraintes, on ne peut pas le nier (les réglages, le poids de
certains appareils, les prix du marché). Enfin, la pratique peut poser quelques questions en matière d’impact écologique…
J’adore le numérique, mais j’avais l’impression de stagner dans ma pratique, et ressentais le besoin de renouveler ma pratique, et de bousculer mes idées.
Mais alors, pourquoi l’argentique ?
Eloge de la lenteur
N’ayez pas peur, il y a du positif, beaucoup.
Comme on l’a vu plus haut, lors de la prise de vue on ne peut pas voir le résultat tout de suite. Frustrant ? Oui et non.
Car dans une société où tout va toujours trop vite et qu’on est sans cesse à la recherche du tout fait, l’idée de revenir à une forme de parenthèse, dans
laquelle on procède plus lentement, peut avoir du sens.
Un sens que l’on redonne à chaque prise de vue, que l’on insuffle avant
d’appuyer sur le déclencheur, ce moment durant lequel on réfléchit plus
soigneusement à son cadrage, ainsi qu’à tous les éléments qui vont le composer.
Avec un peu d’entraînement, on peut créer une composition plus solide puisque plus lente.
Petit disclaimer !
Je n’ai pas la prétention de dire que faire de l’argentique et prendre quelques photos comme ça de temps en temps, peut faire de nous de meilleurs photographes. On ne peut pas devenir une Vivian Maier ou un Henri Cartier-Bresson, juste parce que l’on possède
un appareil vintage entre les mains. Cela ne dépend que de soi-même, de sa ténacité, ainsi que de sa propre rigueur.
Lire des livres sur des grand(e)s photographes, et aller à des
expositions est un travail qui ne sera que bénéfique sur le long terme. Un travail qui semblera peut-être invisible sur le coup
mais qui nourrira la créativité.
En pratique ça donne quoi ?
Les sens travaillent à plein régime, le bruit pour armer son appareil photo ainsi que celui du miroir sont pour moi un plaisir inégalable.
Mais ce qui peut apparaître comme une contrainte devient tout d’un coup un éloge. Un éloge au bon mouvement. Tout comme le sportif qui s’entraîne de longues heures pour que chacun de ses mouvements soient le moins
superflus
possible. Il bannit tout geste inutile l’empêchant d’atteindre la plénitude de son mouvement.
Et bien pour le photographe argentique c’est à peu de chose près, la même idée. On ne peut pas faire de rafale (même si certains accessoires le
permettent) tout ceci amène indubitablement à une autre vision, à un éloge de la lenteur.
Parlons pellicule. Son prix peut dans certains cas s’avérer très coûteux
(sachant que le noir et blanc est plus économique que la couleur). Il y a plusieurs types de formats. Par exemple : en 35mm on ne peut faire « que » 36 poses (soit 36 photos). En moyen-format « que » 12 poses (pour un format pellicule 6×6). Plus le format de la pellicule est grand plus l’image aura de détails (chose très utile lors d’un tirage et qui fait toute la différence). Connaitre le nombre
de photos à l’avance change forcément la manière d’appréhender la séance.
A l’heure de la retouche numérique excessive (la saturation, le contraste et la clarté positive à outrance), la nécessité de la sélectionner en amont de la prise de vue, (en choisissant la teinte, la réactivité des couleurs, les contrastes ainsi que sa sensibilité dans les ombres et lumières) font de votre pellicule un acteur
majeur.
En fonction de votre choix l’aspect visuel vous donnera une photo plus
saisissante comme si on avait documenté la réalité. Soyons franc cela vous fera
gagner du temps en post-production.
En effet ce choix vous l’aurez effectué au moment ou vous avez choisi la
pellicule. Et cela change tout ! Vous savez en amont comment réagira la
pellicule et comment vous pourrez vous adapter à celle-ci. Ce qui aurait pu être un désavantage sera au bout du compte, un avantage. Et fera de vous un acteur qui a un véritable impact sur ses photos.
Comme illustré dans le précédent paragraphe, une photo numérique peut être bidouillée à l’infini. En cherchant ce qui vous convient vous risquez de n’être
jamais satisfait du résultat.
Tandis que dans notre cas, 95% du travail est déjà effectué si on a fait les bons réglages en amont. Mais pour cela il faut trouver le bon appareil.
L’appareil photo argentique
Tentons de démystifier tout cela.
Oui certains appareils argentique peuvent coûter cher ! La spéculation est passée par là et les influenceurs ont joué un grand rôle là-dedans (merci Kendall Jenner). Mais d’autres sont fortement
accessibles, et feront largement le job.
Pour les adeptes du numérique qui ont des objectifs récents, vérifiez bien, mais vous pouvez les utiliser sur certains
appareils argentiques, et vice-versa (la qualité des optiques de l’époque
argentique est gage de qualité, de précision et de robustesse.
Ce qu’on ne retrouve plus forcément à notre époque ou le plastique est roi, coût de fabrication oblige).
La pratique de l’argentique nécessite une certaine constance et un
plaisir d’apprendre.
Ne vous forcez pas à acheter un appareil pour le laisser quelques mois plus tard sur une étagère. La plus part sont assez solides pour durer des décennies. Ils nécessitent juste une révision et un entretient ponctuel.
Je suis très attaché aux valeurs de transmissions de nos ainées,
alors quand j’entends des gens autour de moi me dire qu’ils sont contents d’avoir retrouvé le vieil appareil des parents ou grands-parents, j’en suis ravi. Cet objet va pouvoir trouver une seconde vie et qui sait permettre
de créer ou recréer un lien familial.
C’est aussi une des forces de l’argentique. Quand je shoote dans la rue, j’ai souvent des conversations avec des personnes qui ont connu l’argentique et qui sont ravis de me voir continuer à prendre des photos avec. Ça crée du lien. Et c’est un témoignage direct du temps qui passe.
Et L’ecologie dans tout ca ?
Avec l’argentique on peut avoir un impact écologique dans le sens positif.
Effectivement remettre un vieil appareil en route sera toujours plus
écologique que d’en acheter un nouveau, dont on ne se servira pas toujours. Certes les chimies sont polluantes, mais si elles ne sont pas versées dans le
lavabo il n’y aura rien à craindre.
Contribuer à l’achat de masse n’a pas de sens (J’adore les appareils jetables mais de manière responsable, sinon c’est un calvaire écologique, et il en va de même pour nos appareils photos numériques qui se consomment comme des
téléphones). La course à l’innovation est toujours très présente. Pourtant avec un peu de recherche et en chinant bien, certains appareils photos tels que les moyens-formats n’ont absolument rien à envier à certains appareils récents.
Avoir un appareil avec de nouvelles innovations peut vous faciliter la vie dans certaines occasions, mais ce n’est pas l’appareil qui fera de vous un photographe. C’est vous et vos idées qui feront de vous un photographe !
Comment conclure sur pourquoi l’argentique ?
L’argentique agit comme une capsule temporelle. Une fois qu’on a fini
sa pellicule, il peut se passer quelques heures (si on développe soit-même) ou quelques jours (si on la confie à un labo photo), peut-être des mois (si on traîne), pour voir le résultat.
Il y a toujours cette petite magie à découvrir son travail, car même si l’on est doté d’une mémoire folle, il y a toujours des éléments que l’on a perdu en route. Et c’est ce rapport à l’attente, à la redécouverte de nos créations qui rend ce
moment si spécial. Tout ne sera pas forcément réussi et ce qu’importe l’appareil
utilisé.
Chacun pourra prêcher pour sa paroisse, mais personnellement
je parlerai de plaisir comme le dit si justement Gildas Lepetit Castel dans son livre Les secrets de la photographie argentique : « Certains abandonneront rapidement y trouvant trop de contraintes alors que d’autres feront plus que se laisser séduire et en feront un moyen d’expression à part entière.
Car tout est là. L’argentique n’a pas à entrer en compétition avec sa sœur numérique – querelle habituelle au sein des forums ou des photoclubs. On reste dans le champ photographique et c’est bien là l’essentiel, il faut passer outre cette discussion sans fin et surtout sans fondement car pour quelle raison un photographe ne pourrait-il pas comme un musicien choisir tel ou tel instrument, acoustique, électrique ou électronique selon ses envies, ses habitudes ou tout simplement ce qu’il souhaite exprimer? À chacun son écriture, à chacun son rythme, pourvu qu’il y trouve du plaisir et parvienne à s’exprimer comme il le souhaite« .
Quelle chance quand on maitrise les aspects de la chaîne
argentique : recherche du sujet, cadrage/mise en scène, prise de vue,
développement, et tirage. Quand on a fait la plupart de ces étapes et qu’on peut fièrement offrir ou accrocher une de ses oeuvres (n’ayons pas peur du mot). Alors il se passe quelque chose.
Et c’est ce quelque chose qui me fait vous écrire ici, et qui m’a poussé à vivre de ma passion.
Car derrière tout cela …
Il y a une philosophie. Elle ne s’achète pas, elle s’acquiert.
Vous voulez travailler avec moi ?